Le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Fritz Jean, a officiellement demandé l’ouverture de poursuites judiciaires contre les personnalités haïtiennes sanctionnées par la communauté internationale pour des faits présumés de corruption, de financement de gangs armés et de violations des droits humains. Cette demande a été formulée dans une lettre adressée au Premier ministre Didier Fils-Aimé.
Depuis 2022, plusieurs anciens responsables politiques et figures influentes du pays ont été sanctionnés par le Canada, les États-Unis et d’autres pays partenaires d’Haïti. Ces sanctions incluent des gels d’avoirs et des interdictions de séjour, mais sur le plan national, aucune procédure judiciaire n’a été enclenchée jusqu’à présent.
Fritz Jean estime que l’inaction de l’État haïtien face à ces sanctions nuit gravement à la crédibilité des institutions et renforce le climat d’impunité dans lequel le pays est plongé depuis des années. Il plaide pour des actions concrètes, notamment la saisine de la justice, l’ouverture d’enquêtes et la récupération des biens mal acquis.
Dans sa correspondance, le président du CPT souligne que le peuple haïtien attend des gestes forts en matière de lutte contre la corruption et l’insécurité. Il insiste sur l’importance de démontrer que le changement annoncé par les autorités de transition repose sur des bases solides et des actions tangibles.
Cependant, cette prise de position soulève des doutes au sein de la population et parmi certains observateurs. En 2023, Ariel Henry, alors Premier ministre, avait lui aussi lancé des appels similaires sans résultats concrets. Aucun des individus sanctionnés à l’international n’a été poursuivi en Haïti depuis.
Face à ce précédent, des voix s’élèvent pour dénoncer une manœuvre de communication, destinée avant tout à rassurer la communauté internationale. Pour nombre de citoyens, ces annonces doivent se traduire par des actes, sinon elles risquent d’accentuer le sentiment de méfiance envers les autorités de transition.
La crédibilité de Fritz Jean et de son équipe dépendra donc de leur capacité à rompre avec les pratiques du passé. L’ouverture effective de dossiers judiciaires serait un premier pas vers le rétablissement de l’État de droit et la restauration de la confiance publique.
Alors que le pays traverse une crise profonde, marquée par la violence des gangs et la désorganisation des institutions, la lutte contre l’impunité est perçue comme un test décisif pour le Conseil présidentiel de transition. Les prochaines semaines seront déterminantes pour évaluer la portée réelle de cet appel.