L’Institut National pour la Défense des Droits Économiques Sociaux et Culturels (INDDESC) constate avec désolation l’insouciance des Conseillers Présidents face à la misère aiguë dans laquelle vit la population haïtienne. La situation chaotique actuelle caractérisée par des crises sociopolitiques chroniques et une économie rabougrie est le résultat de la nonchalance des autorités, du mépris de la constitution de 1987, des violations constantes des traités internationaux ratifiés par Haïti ainsi que la Déclaration Universelle des Droits de l’homme du 10 décembre 1948.
INDDESC qualifie d’inacceptable la situation socio-économique critique de la population notamment l’augmentation du nombre des déplacés internes, les mauvaises conditions de travail des ouvriers de la sous-traitance, les faillites constatées dans les Petites et Moyennes Entreprises (PME), et la décapitalisation des «Madan Sara», et tous ceux qui sont actuellement touchés ou pauperisés, n’ayant pas un minimum vital dont leur droit à un niveau de vie suffisant est foulé aux pieds.
Le peuple haïtien vit sous le seuil d’une pauvreté extrême spécialement avec la montée de prix du carburant, le taux de l’inflation, de l’instabilité des prix des produits de première nécessité ainsi qu’ avec des problèmes liés à l’importation de services ou exportations de certains produits qui pouvaient contribuer à bouster le solde commercial du pays, qui a déjà enregistré plusieurs années de déficit. Comme conséquence, la monnaie locale continue de perdre sa valeur par rapport aux autres devises étrangères, le taux du dollar génère un pourcentage accru dans le taux de l’inflation puis le prix de l’essence dans les pompes, étant un produit transversal, fait un impact négatif sur le prix des produits de première nécessité en Haïti. Dans cette circonstance, il est urgent pour le gouvernement de prendre des mesures rapides de manière à prioriser un dénouement à l’insécurité alimentaire et économique exigeant une réponse immédiate. Pour y parvenir, l’INDDESC recommande aux membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé de:
A) Tout mettre en œuvre pour apaiser les frustrations légitimes du peuple haïtien en débloquant les grands axes routiers. Ce qui va permettre la libre circulation des biens et des personnes. Ainsi, cela facilitera une bonne reprise des activités économiques et les aller-retour des “Madan Sara” dans les différentes ville de province pour le développement du commerce agricole;
B) Baisser le prix de l’essence dans les pompes sans délai. Car, il est clair que l’ancien Premier ministre Ariel Henry a augmenté de manière excessive le prix du carburant sans motif valable alors que tel n’était pas le cas sur le marché international. Après, pour essayer de justifier ses forfaits, il eût à déclarer que c’était pour payer et acquitter avec le Venezuela suite à la dette de PetroCaribe, ce qui a été fait, maintenant le gouvernement doit obligatoirement baisser le prix de l’essence à 250 gourdes au grand max ;
C) exiger à la Banque de la République d’Haïti, des sanctions contre toute banque commerciale qui procède à des pratiques inappropriées, qui peuvent nuire à la circulation du dollar ou à diminuer la valeur de la gourde sur le marché;
D) Penser à accompagner les victimes de l’insécurité, qui vivent actuellement dans les abris provisoires de manière indigne et révoltante. À cet effet, il ne sera pas question de leur donner un plat chaud, mais d’un support raisonnable pendant que les forces de l’ordre notamment la Police et l’armée seront à l’œuvre pour rétablir la sécurité et restaurer l’autorité de l’État.
INDDESC fait ces recommandations aux autorités dans la perspective de préserver et défendre conformément à sa mission qui est de défendre les droits économiques et sociaux du peuple haïtien pour un apaisement socio-économique durable.Enfin, il n’est un secret pour personne que la cruauté des gangs armés dans le département de l’Ouest et de l’Artibonite a contribué grandement à la détérioration de la crise socio-économique du pays avec un taux d’inflation inquiétant de 29,3 % en août dernier selon l’IHSI. Cette stagnation économique se traduit notamment par l’augmentation du coût des produits locaux, l’augmentation abusive du prix du carburant ainsi que la disparition du commerce informel à cause de l’insécurité généralisée dans le pays.
L’urgence est de mise. Il faut que les acteurs de la société prennent leur entière responsabilité.
Me Frédo Jean Charles, Président de l’INDDESC